Pierre Roumeguère

[…} Il trouve d’abord le principe de parité, réduit ses éléments à un seul, dédoublé en paire de deux éléments inverses et complémentaires : l’un positif convexe, mâle, ouvert, correspondant exactement au groupe saillant des charges positives de la physique atomique, l’autre négatif concave, fermé, correspondant à la cavité des charges négatives des surfaces moléculaires.
Essence palpable Puis il découvre la répétition, l’organisation sérielle de ses deux seuls éléments, capables de moduler et rythmer des séquences toujours autres. Pour porter au maximum cette dialectique de l’un et du multiple, de la répétition et de la différence, Filhos imagine tous les types de relations, de voisinages : contiguïté, recouvrement, déplacement, rotation, selon toutes les lois d’une combinatoire des possibles.
Enfin, pour concrétiser toutes ses impulsions motrices et les forces vectorielles de sa vision (notamment les pulsions qu’il sent toujours chargées d’émotion et d’émoi sexuel), il imagine de placer à la racine de ses œuvres, usuellement à la partie inférieure, une matrice génératrice des formes à venir, c’est-à-dire une forme très spécifique pour chaque sculpture, capable par l’intensité de sa présence, par l’aura de prégnance de sa masse modulée, de créer un champ morphogénétique […]

Enfin une dernière donnée capitale et profondément originale : inspiré par cette intuition spatiale de la fluidité, Jean Filhos est amené, en manipulant ses paires d’éléments dans son champ organisateur, à découvrir la technique des treillis en recherchant par tâtonnements les configurations optimales de ses éléments disposés sur la surface flexible et déformable d’un grillage hexagonal ou d’un treillis métallique de fils fins, portant ainsi au paroxysme la multiplication combinatoire des possibles dans l’espace.

(extraits de La topologie biologique de Jean Filhos, catalogue de l’exposition de 1971 à la galerie Villand & Galanis)

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