Fernand Pouillon

Fernand PouillonJean Filhos est sculpteur, penseur, théoricien. Dans sa sculpture, il ne souhaite pas les hasards, il dirige tout. Son œuvre est langage. Il ne badine pas avec sa syntaxe propre. Il s’explique comme un philosophe ou un savant. On l’écoute, on croit le comprendre, on l’admet aussi.
Mais pour ma part, je préfère retourner à ma vision et oublier ses paroles convaincantes. Je suis obsédé par ce monde glissant et douloureux. Les passions créatives et destructives s’affrontent dans une contrainte imperturbable à mi-chemin entre la vie et la mort, entre la victoire et la défaite, entre l’impuissance et la virilité exacerbée.
L’action des volumes emprunte la voie du suspense, de l’insatisfaction permanente. C’est une sculpture en mouvement qui s’offre à nos regards, à nos méditations, et l’âme reste suspendue dans un espace qui devient ou se meurt.
Ce langage concret exprime en fait un monde abstrait où certes la part de l’intelligence se devine, mais quelle intelligence peut se vanter de n’être pas tributaire de la passion ?
[…]
Nuit crématoireIl faudrait pouvoir enfermer l’enfer de Jean Filhos, l’isoler du monde pour inciter l’homme nouveau à la contemplation de ses propres tourments. Cette œuvre qui apparaît d’abord sereine, plastique, intelligente comme il l’a voulue, contient pour moi toute l’inquiétude de notre époque en mutation.

(extraits du catalogue de l’exposition de 1971 à la galerie Villand & Galanis)

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