Mathématique

Quand je montre mes œuvres, qui occupent un espace bien défini, et que je parle – quand il s’agit de la structuration et de la création de ces mêmes œuvres – d’espace où les distances et les dimensions sont sans importance, je me mets dans une mauvaise situation.
Bien sûr, ce serait beaucoup plus rassurant si je définissais en logique classique le degré de proximité de deux éléments par un nombre quelconque que j’appellerais dimension, mais il faudrait pour cela que je considère mes sculptures comme un simple ensemble d’éléments, ce qui n’est pas le cas. Je ne cherche pas à construire mes œuvres selon une géométrie élémentaire.
Quand j’aborde les prémices d’une œuvre, je considère les éléments que j’utilise comme non géométriques, et la notion de distance n’a pour moi aucune signification. En revanche, celles de limite et de voisinage deviennent essentielles, ainsi que la subordination du système à plusieurs paramètres.

Fonction Mes recherches se sont fixées sur les problèmes des ensembles, des analyses topologiques, des structures, des éléments formant ces ensembles et de la recherche d’éléments abstraits découlant d’équations différentielles – dans un but : la création de systèmes.

A une question posée à plusieurs artistes en 1980 sur l’intérêt pour eux d’un nouveau musée des sciences, Jean Filhos répond :
Je me suis surtout intéressé aux mathématiques et aux relations qu’elles ont avec la pensée. Je me suis passionné pour la topologie au niveau des espaces abstraits, et pour la géométrie analytique qui m’a permis de mieux contrôler les formes que j’emploie pour conquérir ces espaces. Cette démarche m’a permis de trouver mon algorithme et la liberté la plus totale m’a été autorisée lorsque j’en maitrisai la pratique.
Ce qui m’intéresse chez les scientifiques, c’est le mécanisme de la découverte et non le résultat. Or c’est vraisemblablement celui-ci qui apparaitra dans ce musée des sciences…
Son intérêt pour moi, aussi important soit-il, ne peut donc en aucun cas se comparer à l’enchantement que me procurent les collections du Louvre, du Metropolitan Museum ou de la Tate Gallery.
(Nouvelles littéraires, 17 janvier 1980)

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